J’avais lu les mots suivants dans le livre « L’Irvingisme et le Mormonisme » d’Émile Guers:
« L’Irvingisme devait venir à l’époque où il a paru. Les opinions et les sectes s’engendrent l’une l’autre plus logiquement qu’on ne le pense. L’idée romaine d’une Église, d’une succession et d’une ordination régulièrement apostoliques, avait enfanté l’idée anglicane qui n’en est qu’une reproduction, une seconde édition revue et corrigée. L’idée anglicane à son tour a produit l’idée irvingiste. On s’est dit : Pour obtenir un ministère régulier et légitime, et pour retrouver ainsi l’unité primitive et l’état normal de l’Église, il nous faut les charismes*, il nous faut l’apostolat**; nous ne les avons point ; eh! bien, prions, prions avec foi, et Dieu nous les rendra. On a prié, et bientôt après on a dit : Dieu nous les a rendus. »
* idée émise des décennies avant les débuts du pentecôtisme moderne ; l’église d’Edward Irving était un précurseur des églises pentecôtistes du 20e siècle
** un mouvement contemporain, le mouvement Oxford au sein de l’église d’Angleterre, croyait comme l’Irvingisme que la succession apostolique était absolument nécessaire pour le fonctionnement de l’Église moderne mais il n’avait pas suivi le même chemin que l’Irvingisme; le mouvement d’Oxford ou puséisme chercha plutôt un retour vers l’église catholique romaine qui selon lui détenait réellement la succession apostolique
Ensuite M. Guers fait référence aux frères Plymouth et au système ecclésiologique du Darbysme:
« D’autres sont ensuite venus qui, acceptant le point de départ de l’Irvingisme, admettant la ruine et l’apostasie de l’Église***, l’impossibilité d’avoir, sans l’apostolat, des anciens légitimes, etc., mais ne recevant point les conséquences que l’Irvingisme avait tirées de ces prémices, ont dit : « Tout ou rien : nous ne pouvons avoir ni de vrais anciens, ni d’Églises dans le sens primitif du mot; eh bien! plus d’Églises, plus d’organisation ecclésiastique quelconque, plus d’imposition des mains, plus de ministères reconnus; réunissons-nous comme simples frères, et que l’Esprit saint suffise à nos besoins de culte, comme il suffit à nos besoins individuels; attendons ainsi l’apparition de Jésus qui va venir, non pour relever l’Église de sa ruine (car il ne relève pas ce qui est déchu), mais pour la rassembler, pour la glorifier et la mettre en possession de bénédictions bien supérieures à tout ce qu’elle a perdu. De cette manière, nous simplifierons, nous trancherons d’un mot toutes ces questions de succession, d’ordination apostolique et d’Église qui, depuis des siècles, agitent la chrétienté. » Étrange système, où sont clairement indiquées les phases diverses qu’ont parcourues ses auteurs et les écoles successives qu’ils ont faites! Singulier amalgame d’éléments hétérogènes! bizarre édifice dont la base est anglicane, dont les premières assises sont irvingistes, et dont le faîte seul appartient à ceux qui l’ont construit! »
*** le point de départ de tout le darbysme ou plymouthisme est l’idée que toute l’Église est apostate et a été rejetée par Dieu; cette conviction fondamentale a mené aux idées particulières des Frères Plymouth sur l’eschatologie et sur l’ecclésiologie
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Voir aussi:
L’Église invisible et l’erreur de John Nelson Darby, « père » du dispensationalisme
L’Église invisible: extraits d’un sermon de M. Horace Monod
Livre électronique gratuit: « APERÇU SUR LE CONGRÉGATIONALISME » (1860)
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